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amour vainqueur

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vait le voir ; elle était inquiète de lui ! Que fait-il, en ce moment, se demandait-elle souvent ? Pense-t-il encore à moi ?

Rogers, lui avait promis de lui répondre ! Déjà trois semaines s’étaient écoulées, et les trois lettres qu’elle lui avait adressées étaient demeurées sans réponse !

Ninie devenait de plus en plus triste !

Elle écrivit de nouveau, mais cette fois à une amie de Montréal à qui elle lui demandait de bien vouloir lui dire ce qu’était devenu Rogers ; son amie, sans malice sans doute, lui laissa savoir qu’elle l’avait vu, en compagnie d’une autre jeune fille.

Ma chère Ninie, lui dit un jour sa mère, s’apercevant du trouble dans lequel était plongée l’âme de sa fille ; chaque fois qu’un membre de la famille revenant du bureau des postes, répondait : non, ma chère Ninie, pas de lettres pour toi ! tu dois savoir que dans la vie, l’amour est une feuille à l’arbre ; la brise la plus légère la détache du cœur ; Rogers t’a aimée, peut-être ton départ lui a peut-être aussi causé beaucoup de chagrin ! Aurait-il cru que tu ne l’aimais pas beaucoup pour que tu consentisses à le quitter ainsi.

Pourtant, ma mère, il a compris que ma santé requérait du repos ; il m’a juré de me garder son cœur ! Mais, ma chère Ninie, dans les grandes villes comme Montréal, les hommes sont-ils sincères ? Oh, sois donc indépendante, ne prends pas de peine, tu lui as écrit, il ne t’a pas répondu, ton amie te dit l’avoir vu en compagnie d’une autre jeune fille ! Alors, prends donc ton repos, amuse-toi bien, tu as bien le temps de te mettre dans la vie rude du mariage, où les épreuves sont plus abondantes que dans le genre de vie du célibat.

La mère fit auprès de sa fille, toutes les représentations possibles pour l’engager, non pas à oublier son ami, mais à ne pas éprouver de chagrin inutile. Oh, mère, reprit la jeune fille, incapable de croire à la trahison de Rogers, il doit-être malade, car je suis certaine qu’il m’aimait et qu’il n’a pas pu changer d’idées, si vite !

Mon enfant, ajouta la mère, il est avocat, et homme d’affaires, aurait-il rencontré sur sa route, une jeune fille très