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amour vainqueur

nant de leurs parties de plaisir de pêche, sur les bords de la rivière La Loutre, regagnaient à toutes enjambées, leurs demeures respectives ; les paysans fouettaient leurs chevaux pour hâter leur retour ; l’orage prenait de plus vastes proportions ; déjà le ciel était couvert de nuées noires ; la pluie commençait à tomber.

« Mais, je suis brave, moi, maman, j’ai du courage ! et il me semble que je n’aurais pas peur d’aller loin pour revenir comme papa avec des gros écus blancs, et après pour me faire instruire, — regarde, maman, comme je suis brave » ! et alors détachant ses bras, du cou de sa mère, elle s’élança, sous la grosse pluie, pour aider à ses petits frères, à mettre à l’abri, poulets et poussins.


Titre II


AU FOYER

Ceux-là, seuls qui sont privés de la joie, du bonheur que procure le foyer, peuvent apprécier toute l’importance d’un « Home » ; les émotions qu’ils ressentent au contact d’être chéris, après une absence prolongée ne se définissent pas.

Ninie, à ses dix ans, était tendre et affectueuse ; douée d’une intelligence brillante, elle savait répondre souvent par une seule boutade, aux questions de ceux qui cherchaient à la taquiner, — cette idée, d’aller loin comme son père, lui était souvent revenue à l’esprit ; mais la pensée de laisser sa famille, modérait ses désirs ; elle avait tant de fois, vu revenir son père, à la maison, des chantiers, où il passait de longs mois ; elle l’avait tant de fois, vu pleurer de joie à son retour, de se retrouver à son foyer, au milieu de sa femme et de ses enfants ; elle l’avait tant de fois, vu quitter son toit si cher, en pleurant de chagrin qu’elle hésitait sur ce dessein d’aller au couvent !

Souvent, le matin, elle passait de longues heures dans le jardin : elle interrogeait les fleurs qu’elle aimait éperdûment ; la