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amour vainqueur

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Mes questions vous paraîtront peut-être indiscrètes, mais veuillez vous convaincre que je ne m’intéresse à vous que pour vous rendre le bonheur !

Les années que vous avez passées, la conduite exemplaire que vous avez tenue, l’amour et l’intérêt et l’attachement que vous avez toujours manifestés pour votre Alma Mater, m’ont toujours porté à vous estimer, et vraiment, j’éprouve moi-même du chagrin, de vous voir, depuis les quelques semaines que vous êtes arrivé au milieu de nous, avec une figure aussi triste et aussi continuellement préoccupé à résoudre un problème qui ne peut être autre que celui que je redoute comme étant votre cauchemar !

Mon père, je n’ai aucun chagrin !

Parlez-moi franchement, ouvrez-moi votre cœur ; veuillez, je vous en prie, être persuadé que le cœur de prêtre de celui qui vous parle est bon, et que vous n’aurez jamais de meilleur ami que lui. Si vous n’avez pas de chagrin, vous avez un poids lourd sur votre cœur qui vous empêche de sourire et de respirer à l’aise ; parlez-moi, dites-moi quelles sont les causes de votre tristesse !

Rogers, comme vaincu par les paroles du Révérend M. Riopelle, qui lui parlait sur un ton si intéressé à son bonheur et si amical, avec des larmes aux yeux et une voix entrecoupée de sanglots, la tête baissée vers la terre, brisant entre ses doigts tout tremblants des bouts de branches sèches qu’il avait ramassées pour se donner une contenance, lui répondit :

Puisqu’il en est ainsi, je vous avouerai mon Père, que mon âme est toute troublée ; dans quelques mois, je serai appelé à sortir de cette maison, ou à m’y enfermer pour toujours, pour la Vie !

Mon père, cette idée me bouleverse ! Je ne sais que faire !

Mais, mon enfant, avez-vous bien prié la Sainte Vierge de vous protéger ? avez-vous invoqué le Saint-Esprit de vous éclairer sur la décision que vous devez prendre ?

Oui, mon père, et plus il semblerait que je prie, plus il semblerait que mon cœur est indécis !