Page:Duval - Roi des aventuriers, 1916.djvu/60

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rons pas sur cet objet. Dites-moi donc comment il se fait que je vous retrouve dans ce pays.

— C’est bien simple. On m’avait dit, au pays, que vous aviez fait fortune ici…

— Ah ! ces Gascons ! ils sont tous les mêmes !… Continuez, Monsieur Poiroteau.

— Je m’étais à peu près ruiné pour satisfaire les désirs de M. votre oncle.

— Oui, oui, je sais. Vous vous êtes souvent ruiné ainsi.

— Je vous jure, Monsieur le Comte.

— Continuez.

— Vous étiez mon dernier espoir ! l’espoir de ma vieillesse. Je vous savais honnête autant que brave. Je résolus de venir vous trouver… Ah ! quels voyages !… quelles aventures terribles !…

Le consul des États-Unis m’avait donné votre dernière adresse. Je vous suivis de ville en ville, mais j’arrivais toujours au moment où vous veniez de partir. À Toronto je descendis dans un hôtel d’où vous étiez parti depuis dix minutes à peine… Je partis, dans la nuit, dans la pluie…

— Et cette fois, vous me dépassâtes.

— Hélas ! oui, pour tomber dans les griffes de sept voyageurs terribles qui, après m’avoir questionné, déclarèrent que j’étais l’espion d’un Gascon et me livrèrent à leurs amis les Peaux-Rouges. On allait m’immoler au dieu du feu lorsque des cris de guerre retentirent de toutes parts et on m’abandonna, lié à cet arbre. Jugez de mon émoi, de ma joie, en vous voyant apparaître !…