par la tradition, par les Pères de l’Église,
par l’autorité et par la raison. Le colonel
Saint-Leu m’écoute avec le plus grand sang-froid,
et ne répond à l’excellence de mes
preuves que par un grand éclat de rire,
ajoutant : « Si vous avez lu cette Bible, et
si vous me dites que vous y croyez, je vous
regarde comme un homme de mauvaise foi. »
J’avoue qu’à un pareil propos la colère m’échappe, et tenant la Bible d’une main et la seringue de l’autre, je lui répliquai : « Moi ! Monsieur, moi ! de mauvaise foi en fait de religion ! C’est votre foi qui est très mauvaise, et votre raison encore davantage. Êtes-vous venu chez moi pour m’outrager dans ce que j’ai de plus cher au monde ? Vous savez que ma religion m’est aussi précieuse que la prunelle de mon œil droit. »
— Point de colère, ami, me dit-il, en me sautant au cou, en m’embrassant à plusieurs reprises. Je ne suis pas venu ici pour vous fâcher, mais pour vous demander votre avis sur une affaire très importante. J’ai envie de me tuer. Qu’en pensez-vous ? — Je pense, lui répondis-je, que c’est là une très mauvaise envie. Se tuer, c’est l’action d’un poltron.
— À ce compte, me réplique-t-il, Caton,