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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/128

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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


d’amour profane ? Ce n’est pas leur suffrage que j’ambitionne ; c’est celui des gens de bien, et ils me l’accorderont lorsqu’ils auront lu ce que je vais leur raconter d’une jeune veuve et d’un jeune prophète dont l’histoire naguère est arrivée à Paris dans le faubourg Saint-Denis.

Brantôme, le vilain Brantôme n’en a jamais conté de semblable ; il n’a parlé qu’à des femmes galantes, et qui gorgiassaient[1], des femmes qui, sans motif honnête et sans dévotion quelconque, faisaient leurs maris cocus et cornards ; et, s’il faut l’en croire, toutes les bêtes que saint Jean l’Apocalypse vit dans le ciel (toutefois avant son voyage dans la lune) n’eurent point sur leurs têtes autant de cornes que de son temps nos belles et honnêtes dames françaises en plantèrent sur le front de leurs maris.

Je n’aime point ce Brantôme, mais tous les honnêtes gens aimeront l’histoire de ma jeune veuve et de mon prophète : c’est aussi la dernière histoire que je leur conterai, car dès que je l’aurai achevée, je veux me tuer.

  1. C’est-à-dire qui montraient leur gorge. Catherine de Médicis mit à la mode ces appas. C’est ce que Brantôme appelle gorgiasser. Le mot a vieilli et la mode est restée.