raient à son égard des sentiments tendres,
mais honnêtes. Elle croyait devoir à ses
conseils son salut, et à ses prières une santé
que les médecins n’avaient pu lui donner.
Elle le regardait comme cet esprit divin qui
conduisit Jésus dans le désert pour y jeûner.
« Il m’a menée, disait-elle, dans la solitude
pour m’y sanctifier ; j’y jeûne aussi de
tous les vains plaisirs que le monde recherche
avec avidité. »
Un mois entier se passa dans ce calme de la conscience et des sens. Calme heureux ! S’il était durable, il serait une vraie félicité sur la terre. Mais, hélas ! ses sens, qu’elle croyait entièrement morts, n’étaient que mal éteints : avec la santé ils se rallumèrent impétueusement et, comme le fils de Dieu dans le désert, elle entra en tentation ; comme lui, après un long jeûne, elle eut faim, mais une faim dévorante, une faim d’autant plus affreuse qu’elle avait jeûné plus longtemps, et qu’en reprenant ses forces elle avait recouvré un grand appétit.
— Et de quoi, me demandera-t-on, eut-elle faim ? — De ce qu’elle n’avait pas de ce mets tant délicieux dont pendant deux ans elle s’était rassasiée avec son mari. Les idées des plaisirs passés, toujours chassées et tou-