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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/154

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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


cer ceux qui, dans leur affliction, s’adresseraient à vous. Du fond de ma misère, j’élève avec confiance ma faible voix vers vous, comme à la source unique de toute consolation, et vous ne m’écoutez pas. J’implore vos bontés et je n’éprouve que vos rigueurs. Vous m’enivrez d’un plaisir que je déteste, puisqu’il vous offense. La mort m’est préférable à une vie que vous remplissez de tant de tourments.

« Enfin, ô mon Dieu, que voulez-vous de moi ? Parlez, votre servante vous écoute. Pour éloigner la tentation, exigez-vous que j’en éloigne l’objet ? Vous allez être obéi, et que mon sacrifice vous soit aussi agréable que l’odeur d’un holocauste de béliers, de taureaux et de mille agneaux gras. »

Joachim fut appelé sur-le-champ : « Je suis, lui dit sa maîtresse, très contente de vous. En sagesse, en fidélité, en zèle, en attachement, vous avez tout ce qu’on peut désirer dans une personne de votre état. Si vous m’en croyez, vous embrasserez une profession honnête. Cela vaudra beaucoup mieux que de servir. Voilà douze cents francs dont je vous fais présent pour commencer un petit établissement. » Joachim, pétrifié, se jette aux genoux de sa maîtresse, la sup-