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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/174

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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


sant ses genoux, ses deux mains pressant les siennes, les couvrant de pleurs et de baisers, et dans les transports d’une passion toute charnelle, pour mériter son pardon et obtenir ses faveurs, lui prodigue les serments d’adoration, d’amour et de fidélité ; non, ce n’est point ici un amant ordinaire, c’est un prophète qui parle au nom du Ciel, au nom de celui qui l’envoie, et qui se met au lit.

En ce monde la femme, ainsi que l’homme, est toujours conduite par l’opinion ou par les circonstances. Mme de Montcornillon en est une preuve frappante. Naguère elle eût cru offenser mortellement Dieu si elle eût regardé un homme en face. Sa pudeur délicate était toujours en alarmes. En ce moment elle craindrait de déplaire à Dieu si, pour l’accomplissement de sa vision, elle ne se mettait pas au lit avec un ermite et ne le recevait respectueusement dans ses bras. Elle n’avait encore vu en lui que le prophète ; entre les draps elle trouva le galant homme. Si elle avait été étonnée des merveilles de la journée, elle fut encore plus surprise des prodiges de la nuit. Pendant le jour il avait montré la douceur d’un ange ; pendant la nuit ce fut un vrai hussard au