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Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/182

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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


n’est pas moi qui en ai parlé. Je ne révèle pas les confessions ; on me brûlerait, et vous pensez bien que pour vos rêveries le père Bonhomme ne se fera pas brûler. — Écoutez-moi, mon père, je vous en prie, et je commence par vous dire que je n’ai parlé de ma vision à qui que ce soit ; j’ajoute même que l’honnête et saint homme qui est venu chez moi est un religieux récollet et tout comme je l’avais vu en songe. Ses yeux étaient continuellement tournés vers le ciel : il ne parlait que de Dieu et au nom de Dieu. Tous ses discours et toutes ses prières étaient comme ceux des prophètes. — À mon tour, madame, écoutez-moi. Le temps des prophètes est passé. Depuis que les hommes sont raffinés, on ne voit plus de ce gibier, et quand on en trouve il faut s’en défier ; mais abrégeons, car il est tard, et avant que la nuit arrive, je veux arroser mes fleurs. Vous avez fait une grande faute ; il ne faut pourtant pas trop vous en affliger. Dieu est miséricordieux et il vous pardonnera ; d’ailleurs le désespoir n’est bon à rien. En ce moment, l’essentiel est d’avoir soin de vous et de l’enfant que vous portez, de penser que tout ce qui arrive dans ce monde, c’est par la permission de Dieu, et qu’il n’a