non plus aussi beau. Hier au soir il m’embrassa
trois fois ; si c’eût été un péché, il ne
l’eût pas fait ; et je puis bien faire par dévotion
ce qu’il a fait. On est en sûreté de
conscience quand on imite les saints. Je
baiserai donc trois fois, et en l’honneur de
la très sainte Trinité, cette bouche d’où ne
sortent que des paroles de sagesse et de
dévotion et d’où doivent sortir mon instruction
et mon salut. Que mon mari n’est-il
aussi sage et aussi dévot que lui ! Que je me
plairais en sa compagnie ! nos embrassements
seraient selon le cœur de Dieu. »
Tout en s’entretenant avec ces pieuses pensées, Mme de Bethzamooth aperçoit un livre dans la poche de M. de Saint-Ognon. Ce livre excite sa curiosité, elle le sort doucement, l’ouvre au hasard et lit avec avidité :
Ô mes amis ! vivons en bons chrétiens ;
C’est le parti, croyez-moi, qu’il faut prendre :
À son devoir il faut enfin se rendre.
Dans mon printemps, j’ai hanté les vauriens ;
À leurs désirs ils se livraient en proie ;
Souvent au bal, jamais dans le saint lieu ;
Soupant, couchant chez des filles de joie,
Et se moquant des serviteurs de Dieu.
Qu’arrive-t-il ? La mort, la mort fatale,
Au nez camard, à la tranchante faulx,