la beauté des siens. Elle me fera plaisir
toutes les fois qu’elle jugera à propos de
disposer de moi et de tout ce qui m’appartient ;
mais comment sait-elle que j’ai sur
moi un livre de dévotion ? — Comment appelez-vous
ce livre ? — C’est un fort bon
livre. C’est, Madame, c’est… il s’appelle…
Les titres, et Madame le sait très bien, ne
font rien à la bonté des livres. On en voit
une infinité de mauvais, qui ont de fort
beaux titres, à peu près comme ces églises
qui, en dehors, sont décorées d’une fort
belle architecture et qui, en dedans, sont
fort vilaines. On pourrait en citer plusieurs
dans Paris. — Mais enfin, comment s’appelle
ce livre ? — C’est l’histoire, puisque
Madame veut le savoir, c’est l’histoire édifiante
et miraculeuse de la Vierge d’Orléans.
Je dis vierge pour ne pas dire pucelle. Ce
mot-là est malsonnant à des oreilles dévotes.
Il entraîne avec lui des désirs peu honnêtes.
J’ajoute Vierge d’Orléans, parce qu’elle fut
suscitée de Dieu pour chasser les Anglais
qui assiégeaient cette ville et qui avaient
juré, quand ils en seraient les maîtres, de
violer toutes les demoiselles et même toutes
les religieuses des couvents. — Cette histoire
doit être bien jolie ! Où trouve-t-on à
Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/47
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH