passer ici la nuit. Pour n’être pas exposée
de longtemps à cet inconvénient, j’ai résolu
d’aller vivre le reste de l’hiver à Fontevrault,
auprès d’une tante que j’ai dans cette
abbaye ; mais je désirerais que vous y vinssiez
avec moi ; vous m’entretiendrez dans
ma dévotion ; avec vous, je croirai mon
salut moins en danger.
— Je ne refuse point, dit M. de Saint-Ognon, de faire avec Madame un si saint voyage ; mais avant de l’entreprendre, je dois savoir si Dieu l’agrée, et, pour cela, je dois l’interroger pour connaître sa volonté et me recommander au bienheureux Robert d’Abrissel, qui fonda la sainte abbaye de Fontevrault.
— À propos de cette abbaye, dit Madame, est-il vrai que le bienheureux Robert d’Abrissel, pour éprouver sa vertu, couchait entre deux religieuses ? — Il est très vrai, répond M. de Saint-Ognon, que les voies par lesquelles Dieu agit ne sont pas celles par lesquelles les hommes se conduisent. Il condamne souvent ce qu’ils approuvent et il approuve ce qu’ils condamnent. Il est maître, et nul mortel n’est en droit de l’interroger.
« L’homicide, par exemple, est un crime