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pierrot

C’est ici que Pierrot eut l’occasion de voir des soldats en kahki qui chantaient des refrains singuliers et parlaient une langue étrangère ; ils paraissaient très cordiaux. Un jour, quelques-uns d’entre eux vinrent visiter les carabiniers, et on se serra beaucoup les mains, on fuma abondamment mais on parla peu. Ils semblaient particulièrement s’intéresser aux chiens, et l’un d’eux, une sorte de gaillard trapu, à la face très rouge et à la figure souriante, les enjamba et, comme s’il en avait attendu l’occasion pendant des semaines, il caressa le dos des chiens en tout sens et leur frotta les oreilles. Jef se montra froidement défiant, tandis que Pierrot agita violemment sa queue hirsute et planta ses deux pattes boueuses sur la large poitrine du soldat. Sur ce, il donna à Pierrot une rude étreinte et une tape sur la tête, puis s’en fut rapidement.

Ceci fit énormément de bien à Pierrot, car quoique Conrad Orts fût un bon