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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

détails, qui sont dignes de vous, ne paraissent indignes de moi. Je les abandonne donc pour commencer l’histoire de sa vie.

Eschine, ô Athéniens ! n’est pas né parmi ceux au rang desquels vous le voyez aujourd’hui, mais parmi ces misérables que le peuple abhorre. Il n’y a pas long-tems, que dis-je ? il n’y a que deux jours qu’il est devenu tout-à-coup Athénien et orateur. Ajoutant deux syllabes au nom de son père, il l’appela Atromète, au lieu de Tromès. Il décora sa mère du nom de Glaucothée ; personne n’ignore qu’on la nommait auparavant Empousa [50], sans doute, à cause de son libertinage effréné et de ses complaisances criminelles : pour quelle autre raison, en effet, lui eût-on donné ce beau nom ?

Tel est donc, Eschine, votre naturel ingrat et pervers : d’esclave devenu libre, d’indigent devenu riche par la faveur des Athéniens, loin de leur témoigner votre reconnaissance, vous cherchez à leur nuire en vous vendant à leurs ennemis. Je tairai les occasions dans lesquelles il est incertain qu’il ait parlé pour la république, je rappellerai celles dans lesquelles il est évident qu’il agissait pour Philippe.

Qui de vous ne connaît cet Antiphon [51] chassé de votre ville ? Il avait promis au roi de Macédoine de brûler vos arsenaux de marine : en conséquence il s’était introduit dans Athènes. Je le surpris au Pirée, et le fis comparaître devant le peuple.