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HARANGUE CONTRE LA LOI DE LEPTINE.


donné ! Mais cette délibération-là même n’est-elle pas honteuse ? On dira donc que les Athéniens délibèrent s’ils laisseront à ceux qui les ont bien servis, ce qu’ils leur ont accordé eux-mêmes. Il y a long-tems que vous devriez avoir réfléchi là-dessus, et avoir pris votre détermination. Greffier, lisez-nous le décret porté pour les exilés de Corinthe.

On lit le décret.

Voilà, Athéniens, ce que vous avez statué en faveur de ceux qui, pour prix des services qu’ils vous ont rendus, ont été bannis de Corinthe. Si quelqu’un, instruit de ce qui s’est passé dans ces circonstances, ou par ses propres yeux, ou par le récit de témoins oculaires, entendait parler d’une loi qui révoque les grâces qui furent accordées alors, quel jugement porterait-il du peuple qui aurait adopté une telle loi ? Dans le besoin, nous serons donc généreux et prêts à tout faire ; et, quand nous aurons obtenu ce que nous souhaitons, nous nous montrerons assez peu reconnaissans pour enlever les grâces à ceux qui en jouissent, et pour porter une loi qui défende d’en accorder par la suite !

Mais aussi, diront nos adversaires, quelques-uns de ceux qui ont obtenu des grâces n’en étaient pas dignes : car, c’est là ce qu’ils répéteront sans cesse. Mais, ignorons-nous que c’est au moment où nous donnons, que nous devons examiner si l’on