Page:E. Daudet - Jules Simon, 1883.djvu/13

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dolescence, à cet âge heureux où l’homme ne demande qu’à vivre libre, insouciant et joyeux, il se voyait obligé de gagner son pain. C’est alors que l’Université s’ouvrait devant lui. Il y entrait par la porte la plus modeste : maître suppléant au collège de Rennes, en attendant d’être admis à l’École Normale.

Dures et laborieuses, ces années d’apprentissage. Tous ceux qui ont lutté pour l’existence peuvent aisément se figurer, en se rappelant leur propre passé, ce que fut la vie de ce jeune homme modeste et fier, qui regardait haut et loin devant lui, à qui sa jeunesse et sa pauvreté coupaient les ailes, à l’heure où il aurait voulu prendre son vol. Cependant, en 1833, il était à l’École Normale, où il connut Cousin et se fit aimer de lui ; en 1837, il professait la philosophie à Caen d’abord, à Versailles ensuite ; en 1838, il devenait maître de conférences à l’École Normale ; enfin, en 1839, il était appelé à suppléer Cousin à la Sorbonne, dans la chaire de philosophie. Dès ce moment, il était hors de pair ; il avait vingt-cinq ans.

Lorsque de ce point de départ on regarde la carrière de M. Jules Simon se dérouler, on est amené à conclure que sa vie a été relativement