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LE DUC D’AUMALE

le passé de son oncle, son âge, son expérience, ses services, et qu’en tout temps, c’est avec reconnaissance qu’il a écouté et suivi ses conseils. Le duc d’Aumale est, en effet, comme le bras et l’épée de sa famille. Aux yeux de la grande majorité des amis de la maison d’Orléans, admirateurs d’une longue gloire dont la tradition n’a pas été un seul jour interrompue, cette gloire s’incarne surtout dans ce prince qui a su donner autour de lui tant de beaux exemples fidèlement suivis par les fils de son frère aîné et réunir le talent de l’écrivain à la vaillance du soldat.

Ce n’est point là d’ailleurs l’unique cause de son universelle notoriété. Il n’est pas seulement celui de sa race qui sut le mieux braver en d’autres temps un régime tout-puissant et, sous le gouvernement qui lui fermait les portes de sa patrie, revendiquer fièrement les droits imprescriptibles de la liberté dont les partisans saluaient en lui un éloquent défenseur ; il n’est pas seulement l’auteur de la « Lettre sur l’histoire de France », l’historien de la maison de Condé, le membre de l’Académie française, le « Vérax » hautain et incisif dont les philippiques troublaient, il y a dix-sept ans, le som-