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LE DUC D’AUMALE

tres, se cachant sous le nom du fondateur de sa race, et faisant glorieusement campagne sans être reconnu, puis décoré et nommé capitaine par ceux-là mêmes qui lui avaient interdit de prendre part à la défense du sol, est-il un souvenir plus chevaleresque et plus brillant !

Qui oserait contester que les princes qui accomplirent de tels actes sont d’admirables Français ? Quel parti, même en les proscrivant, pourrait leur refuser son estime ? Alors comme encore aujourd’hui, ils furent les victimes de ces considérations politiques exposées par M. Louis Ulbach dans le passage de lui que nous avons cité au début de cette notice. Mais ce lourd fardeau qui pèse sur eux n’a jamais rien pu contre leur intraitable patriotisme, si brillamment révélé en tant de circonstances et survivant toujours à ce qu’un intérêt d’État mal entendu a inspiré contre eux de mesures douloureuses. En parlant du duc d’Aumale, c’est donc comme d’un grand patriote qu’il en faut parler. « Oui, j’aime la France, écrivait-il en 1869 ; je l’aime passionnément. » Et ce qu’il écrivait alors, il a passé toute sa vie à le prouver.

Né en 1822, il est aujourd’hui dans sa soixante