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LE DUC D’AUMALE

dont l’oncle et les neveux ont été victimes. À ne considérer que la diversité des opinions qui se sont manifestées à ce propos parmi les républicains, à ne voir que l’ardeur avec laquelle quelques-uns, et des plus éminents, ont défendu les princes, on peut douter de la nécessité de ces mesures. Que redoutait-on, et pourquoi ne s’est-on pas souvenu de la conduite que tint le duc d’Aumale en 1848 ? À cette époque et au moment même où la révolution de février emportait le trône de son père, il était gouverneur général de l’Algérie. Il avait sous ses ordres une armée de quatre-vingt mille hommes qui lui était dévouée, et peut-être, alors, ne tenait-il qu’à lui de marcher sur Paris avec une partie de ses troupes et de briser dans l’œuf l’émeute d’où allait sortir la République. Quelques-uns l’y poussaient. Mais l’idée de compliquer, même pour y mettre un terme, les horreurs de la guerre civile, d’armer une partie de la France contre l’autre et de paraître, dans un intérêt dynastique, se révolter contre la nation, cette idée lui faisait horreur. Deux proclamations datées du 3 mars 1848 nous ont conservé le souvenir de sa conduite : « Soumis à la volonté nationale, disait-il aux habitants