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LE DUC D’AUMALE

cet égard une révélation. Non seulement, dans ces pages superbes, il vengea la maison de France outragée sans générosité et sans justice ; non seulement il fit acte d’historien en rappelant les services qu’elle a rendus à la patrie française, non seulement enfin il mit à nu, d’une main implacable, la plaie vive qui rongeait le régime impérial et devait le tuer ; mais encore, il le fit sous une forme irréprochable qui révélait un art d’écrivain égal à la science du polémiste. Il faut se rappeler ce qu’était l’Empire en 1861, sa puissance et son prestige, la législation qui régissait la presse et la condamnait au silence, pour comprendre l’émotion que causa dans le pays cet opuscule que les tribunaux condamnèrent dans la personne des éditeurs, et où on pouvait lire des considérations telles que celles-ci, toutes pleines d’allusions saisissantes :

« Certes, si le gouvernement de Juillet a commis des fautes, on ne mettra pas au rang de ces fautes la vaillante armée qu’il a léguée à la France, et qu’il n’a jamais songé à s’approprier d’une façon particulière ou à tourner contre les lois. Ce sera là un honneur que vous n’enlèverez point à ce gouvernement