Page:E. Daudet - Le Maréchal de Mac-Mahon, 1883.djvu/11

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ce qui était peut-être plus difficile que de la prendre ? Comment raconter la journée de Magenta sans rappeler que le succès de cette journée fut l’œuvre du maréchal et que par la promptitude de son coup d’œil, la rapidité de sa marche, son sang-froid, il transforma en une victoire féconde un revers certain ? Comment décrire la sanglante épopée de Reischoffen sans célébrer la vaillance héroïque du chef malheureux, plus grand dans l’infortune que dans un triomphe ? Et enfin comment séparer des dramatiques souvenirs de la Commune la prudence et la ténacité déployées par le généralissime qu’avait choisi M. Thiers ? Quel Parisien enfermé dans Paris durant ces jours détestés n’a pleuré d’émotion en lisant, le 28 mai 1871, dans les dernières fumées de la bataille des rues et au bruit des dernières fusillades, cette proclamation si vibrante en sa concision : « Habitants de Paris, l’armée de la France est venue vous sauver. Paris est délivré. Nos soldats ont enlevé à quatre heures les dernières positions des insurgés. Aujourd’hui, la lutte est terminée ; l’ordre, le travail et la sécurité vont renaître. » Ces lignes étaient signées de Mac-Mahon.