Page:E. Daudet - Le Maréchal de Mac-Mahon, 1883.djvu/31

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inopinément soulevée devant lui. Il convient d’ajouter qu’il était convaincu que les ministres du 16 mai allaient être mis en accusation, et cela, l’honneur lui défendait de le souffrir. Il cherchait donc un prétexte pour se retirer, qui lui fut fourni par la question des généraux.

M. Dufaure et ses collègues lui offrirent leur démission ; il la refusa, et c’est lui qui, le lendemain, donna la sienne, noblement, simplement, avec la bonne grâce d’un gentilhomme et la résolution d’un soldat. Dans la lettre qu’il écrivit aux présidents des deux Chambres pour la leur faire connaître, on lit cette phrase : « En quittant le pouvoir, j’ai la consolation de penser que, durant les cinquante-trois années que j’ai consacrées au service de mon pays, je n’ai jamais été guidé par d’autres sentiments que ceux de l’honneur et du devoir et par un dévouement absolu à la patrie. » Ces paroles ne constituaient point une vaine apologie. Elles étaient l’expression de la vérité. On sait que le congrès élut le même jour (30 janvier) M. Grévy. Comme ce dernier venait d’apprendre son élection, on lui annonça le maréchal.

« J’ai voulu être le premier, lui dit l’illustre soldat en entrant, à venir saluer le chef de l’État. »