Page:E. Daudet - Le Maréchal de Mac-Mahon, 1883.djvu/9

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tion personnelle, uniquement préoccupé de bien servir son pays et de ne rien faire contre l’honneur. Voilà sans doute la raison du respect unanime qui l’a suivi dans les diverses phases de sa carrière et qui a survécu aux jours troublés à la suite desquels il abandonna le pouvoir, plus pauvre que lorsqu’il y était monté et voulut la retraite. Ce respect de tous est le couronnement de son passé. Il en jouit parce que sa conscience lui dit qu’il le mérite.

Dans sa vie, d’ailleurs, on chercherait en vain les petitesses ou les préoccupations mesquines. Tout y est grand, le mobile même des erreurs qu’il commit comme chef d’État. Aussi a-t-il eu cette incomparable fortune que les ressentiments et les haines qu’il avait provoqués alors se sont dissipés, au moment même où il rentrait dans la vie privée, et qu’il est resté digne de cette faveur exceptionnelle de l’opinion. Ceux que sa défaite n’a pas détachés de lui et qui, spectateurs de sa conduite ou confidents de ses pensées, se plaisent à saluer dans sa personne une illustration militaire et un bon citoyen rendent hommage à sa grandeur d’âme, à son abnégation, à son patriotisme, à l’apaisement qui s’est fait dans son esprit. Il juge les