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D’UNE COCODETTE


La lumière qu’elle projetait était si vive qu’elle éclairait toute la pièce.

Je me levai, sans trop me rendre compte du désir qui venait de naître en moi, et, posant ma broderie, je proposai à ma mère de faire un tour du parc pour jouir de la beauté de la soirée.

M. Gobert, à cette proposition, fit la grimace.

— Pour attraper un rhume, dit-il ; n’y allez pas, Madame.

— Non, non, je n’irai pas, répondit ma mère, il faut que tu sois folle, Aimée, pour avoir de telles idées.

Naturellement, personne ne voulut se décider à m’accompagner. Chacun craignait le froid, le serein, que sais-je ? Comme il n’était pas facile, cependant, de m’empêcher d’exécuter un dessein que j’avais en tête, je continuai à m’acheminer vers la porte.

— Prends donc un châle, au moins, entêtée, me dit mon père.

Le châle était déjà sur mes épaules, lorsque ma mère, se tournant vers mon cousin, lui dit :

— Alfred, fais-moi le plaisir d’accompagner ta cousine. Je ne trouve ni prudent, ni même convenable, qu’elle s’en aille ainsi seule dans le parc, à une pareille heure.

Alfred s’était levé sans dire un mot. Et moi, qui tenais déjà sous la main le bouton de la porte, je ne lui adressai pas une parole pour l’encourager