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SOUVENIRS


demanda ma main sans aucune sorte de préambule.

Il tenait peu à la fortune, disait-il, étant riche et attendant de gros héritages de plusieurs membres de sa famille.

C’était par inclination qu’il désirait avoir l’honneur de m’épouser. Il tenait à ce que cela fût dit et bien constaté.

Mon excellent père, très flatté, quoique peu satisfait à l’idée d’avoir pour gendre un homme inoccupé, répondit qu’il « ne voulait pas s’engager sans m’avoir consultée ».

Ma mère était ravie. Le Gobert la poussait. Ils croyaient avoir intérêt à me faire définitivement partir de la maison. Pour moi, je croyais faire un rêve. Et quel beau rêve ! mariée à dix-neuf ans ! et riche ! et marquise !

La seule chose qui faisait ombre à ce tableau, c’était que j’allais tenir mon époux de la main de Gobert.

La présentation ayant été faite, toutes les choses étant convenues, le trousseau acheté, la corbeille envoyée, l’hôtel que nous devions habiter auprès de ma future famille ayant été restauré et meublé, trois jours avant le mariage, un matin de bonne heure, comme j’étais dans ma chambre occupée à renfermer dans une malle, afin de les envoyer à mon nouveau domicile, les menus objets de souvenirs de jeune fille que je tenais à conserver, ma