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D’UNE COCODETTE


— Je ne comprends pas.

— Je veux te dire que la plupart des hommes, ce jour-là, n’y vont pas par quatre chemins. Ils n’aiment pas qu’on leur fasse payer leur plaisir trop cher. Il faudra donc te soumettre passivement à tout ce que ton mari exigera de toi.

— Ne pourriez-vous me dire ce qu’il exigera ?

— C’est bien difficile. L’homme, vois-tu bien, ma chérie, n’est pas du tout fait comme la femme. Il est le contraire de la femme.

— Que voulez-vous dire ?

— Permets-moi de me servir d’une comparaison. Tu es intelligente. Tu comprendras.

— Ma chère tante, je vous en prie, faites comme si je n’étais point intelligente[1].

— Eh bien ! l’homme est un sabre, la femme est le fourreau du sabre. Voilà tout ce que je puis te dire.

  1. Variante, ligne 16, après intelligente ; lire :
     Elle le fit. Sans chercher même à recourir au moindre artifice de langage, elle m’expliqua tout, « physiologiquement, » aurait dit mon père, médicalement ; appelant, selon son habitude, les choses par leur nom, et entrant dans de si intimes détails que je ne puis même pas songer à les reproduire.
     L’effet le plus direct de la démarche de ma tante Aurore fut de me rendre maussade. Comme il arrive trop souvent, l’excellente femme me fit du mal en voulant me