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SOUVENIRS


bizarre peut-être, mais, croyez-le, il est dicté par un bon sentiment. J’ai toujours été d’opinion qu’il y avait peu de convenance dans certain usage traditionnel qui termine les cérémonies et les réjouissances à l’occasion du mariage.

Personne n’ose s’affranchir. C’est un tort, car cet usage blesse la décence et n’est propre qu’à inspirer un sentiment de répulsion pour son époux à la nouvelle mariée. Je veux parler de cette habitude où l’on est de faire mettre au lit, le premier soir de ses noces, la jeune femme pour y attendre, elle qui est, ou qui est censée être absolument innocente, que son mari vienne s’étendre à ses côtés.

Je ne suis peut-être qu’un esprit bien paradoxal, mais il me semble qu’il y aurait plus de convenance, plus de charme, pour les jeunes mariés, plus de poésie même, à ce qu’ils se retirassent chez eux, ce soir-là, sans être accompagnés par personne, le mari se chargeant, en cette occasion, de mettre au lit sa jeune femme, lui servant de femme de chambre, bénéficiant de la situation, non comme d’un droit, mais comme d’une faveur qu’il lui faudrait solliciter, qu’on serait libre de lui refuser. Vous qui poussez si loin la délicatesse en toute chose, pensez-vous comme moi, chère Madame ?

Je serais bien heureux s’il en était ainsi. Alors, je vous prierais, vous abstenant de suivre l’usage