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D’UNE COCODETTE


moi, de plus délicieux, c’était le contraste formé par une peau si fine, si blanche, et mes cheveux noirs, alors tombant derrière moi comme un manteau, et qui faisaient ressortir toutes mes formes.

Une[1] femme qui aurait eu de l’amour pour son mari se serait estimée heureuse, aurait été touchée, peut-être. Moi, je l’avoue avec la plus entière candeur, au risque de passer pour méchante et de me faire détester par tous les hommes, malgré les compliments qu’elle me valait, cette exhibition m’assommait. Tantôt, il me prenait de folles envies de rassembler mes vêtements épars et de me sauver loin, si loin que mon mari ne pût jamais me rattraper. Tantôt, saisie par le côté grotesque de la situation, j’étais forcée de me tenir les côtes pour ne pas éclater de rire.

— Ma tante ne m’avait pas parlé de cet examen, me disais-je[2]. Est-ce que toutes les femmes ont subi cette désagréable inspection ?

Il est à croire que, bien involontairement, je laissai percer quelque chose de ma mauvaise humeur, car mon mari me parut soudain cha-

  1. Variante, ligne 6, avant une femme ; lire : une autre femme.
  2. Variante, ligne 20, après disais-je ; lire : est-ce que les choses se passent toujours ainsi la première nuit qui suit le mariage ?