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D’UNE COCODETTE


toujours formés de velours et de dentelles[1].

La voilette seule était blanche, en « tulle illusion », extrêmement légère, transparente et renfermait tout le visage. Mes yeux ne perdaient rien à briller à travers la trame très fine de ce tulle. Mon mari me disait qu’on aurait pu les comparer à des étoiles scintillant derrière un nuage. Les femmes ne se lassent jamais de parler d’elles-mêmes. Je continue donc. En peu de temps, grâce à la docilité que je mis à suivre les conseils de mon mari, je devins l’une des femmes les plus élégantes et les plus recherchées de Paris[2]. Chaque jour, lorsque le pavé était sec, je remontais[3] à pied, vers cinq heures, l’avenue des Champs-Élysées, suivie à quelques pas par ma voiture ou par mon valet de pied. Tout le monde se tournait pour me voir passer. Je tranchais tellement, par mon costume, comme par le caractère particulier de mon visage et de ma tournure, sur les grosses blondes à crinoline et chignon jaune qu’on rencontrait partout depuis dix ans ; je ressemblais si peu, de visage et de manières, à aucune autre[4], que mon

  1. Variante, ligne 1, après dentelles ; lire : avec une longue et large plume noire qui me faisait presque tout le tour de la tête et retombait sur mon épaule.
  2. Variante, ligne 12, au lieu de Paris ; lire : de tout Paris.
  3. — ligne 13,au lieu de remontais ; lire : montais.
  4. — ligne 22, au lieu de à aucune autre ; lire : âme qui vive.