en tremblant l’idée de supprimer les voitures et
les chevaux, mais nous n’y consentîmes ni l’un
ni l’autre.
La chose nous paraissait trop ridicule. Et d’ailleurs, qu’aurait dit le monde si, après quelque temps de mariage, il m’avait vue aller à pied ?
Nous continuâmes donc à vivre comme par le passé. À cela près que je n’avais pas cent sous dans ma bourse et dépensais, à moi toute seule, cent[1] mille francs par an pour ma toilette ; mon existence ressemblait, de tous points, à celle que mènent toutes les femmes.
À une telle existence, je ne cherche ni excuse ni explication même. Je me contente de la constater.
Passer toutes ses journées hors de chez soi, à courir en voiture de magasin en magasin pour choisir des étoffes, puis envoyer[2] des robes chez sa couturière, de là promener en public les toilettes et les coiffures de son invention… il n’y a besoin, pour cela, ni d’un bien grand mérite, ni d’un bien grand cœur. Ce n’est pas mal en soi. Ce n’est peut-être pas non plus très bien. Il est certain qu’on pourrait faire autre chose. Mais on est femme, jeune, belle. Et c’est amusant ! c’est amusant !
Voilà tout.