passive, j’appelais la mort qui ne venait pas, la
nature qui, elle aussi, a sa morale et ses idées,
aurait dit mon père, vint inopinément à mon
secours et m’arracher à mon triste sort par le coup
le plus imprévu. Soudain, paralysé sans doute
par l’effet des trop vifs désirs qu’il ressentait, le
baron se redressa, puis se remit auprès de moi,
inerte et pâle. De grosses gouttes de sueur perlaient
sur son front, et son désordre égalait le
mien. Quelle situation pour lui, pour moi ! Nul
de nous n’avait pu prévoir une telle mésaventure.
Mon tyran en pleurait. Mais quelque étonnement,
quelque humiliation que je ressentisse, il aurait
fallu que je ne fusse pas femme, pour n’en point
tirer avantage. Je me levai et me rajustai d’un
air piqué.
Puis, soudain, je gagnai la partie par un coup de maître, en lui rendant son portefeuille et lui disant :
— Maintenant, nous sommes quittes.
Le baron était fin. Il ne se laissa pas anéantir sans riposter.
— Madame, me dit-il en se levant, d’un ton glacé, si vous ne reprenez pas ce portefeuille, je vous en donne ma parole d’honneur, ce soir, je me brûle la cervelle.
— Et moi, repris-je avec une présence d’esprit qui m’étonna, si vous n’êtes pas mon amant de suite, je vous soufflette avec vos billets de banque.
— Mais je ne le peux pas ! hurlait le malheu-