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D’UNE COCODETTE


raison des services qu’il rendrait à la maison de banque.

Madame de Couradilles fut nécessairement mise au courant, par moi, de cette situation nouvelle.

Elle ne manqua pas de me rappeler, à plusieurs reprises, que c’était à elle que je devais d’avoir fait la connaissance intime du baron. De là à me tirer de temps à autre de petits cadeaux, il n’y avait pas grand chemin à faire.

Elle en tirait également du baron, et de plus gros. Il fallut bien se laisser traire[1]. L’habile femme n’avait-elle pas notre secret ?

Voici, en peu de mots, quelle était la situation : Mon mari passait dans tout Paris pour « avoir fait un gros héritage, gagné des sommes considérables à la Bourse, et placé plusieurs millions chez le baron de C***, dont les affaires étaient embarrassées. C’est invariablement ainsi qu’on écrit l’histoire.

On expliquait ainsi leur association, et cela faisait beaucoup rire madame de Couradilles. Grâce à cette sublime invention, nous pûmes conserver notre train de maison, sans faire d’économies et sans nous réduire. J’avouerai même que, loin de diminuer, nos dépenses, à partir de ce moment, ne firent qu’augmenter. Je redevins,

  1. Variante, ligne 12, au lieu de traire ; lire : faire.