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MERLIN L’ENCHANTEUR.

« C’est vous que nous cherchons, seigneur ; venez où les fiancés vous attendent. Sans vous la fête serait un deuil. Il y aura des rois, des comtes, des barons, des gentilshommes, surtout beaucoup de pauvres gens. Soyez à la fois le prêtre, le prince et le poëte.

— Ne leur refuse pas, dit Viviane, ce sont des gens de ma marraine.

— Allons, » dit Merlin en les suivant parmi les bocages fleuris.

Il aurait voulu en ce moment prêter de son bonheur à toute la terre. Il n’était donc point fâché de mettre un terme par des épousailles légitimes aux soupirs éplorés du rossignol, qui bien souvent dans la nuit l’avait réveillé en sursaut et touché de compassion pour un si grand amour.

Du fond de l’Orient, maintes reines arrivèrent ; toutes portaient des cassolettes pleines de senteur. Il vint aussi des poëtes de Perse, chacun d’eux avait fait un épithalame. Sérénades, aubades, chansons, jusque bien avant dans la nuit, remplirent la première moitié de mai. Trêve entre les nations. Point de tueries, à peine une querelle, si l’un préférait la voix du fiancé, l’autre le silence virginal de la bien-aimée. Tous d’ailleurs, ravis d’aise, avouaient que jamais noces n’avaient attiré un si grand cortége de princes et de peuples heureux. La gloire en revenait toute à Merlin.

Il en prit occasion pour convier à la fête tous les couples qui, sans le savoir, étaient nés l’un pour l’autre ; tous ceux qui avaient entre eux une parenté