Jacques Bonhomme ! réjouis-toi ! Je te vois ici clairement marcher à la conquête du tombeau du Seigneur. Quelle cohue de peuples tu trames après toi, mon enfant ! Oui, c’est bien toi qui portes la bannière. Mais à ces trois rides je reconnais que tu auras de grandes fatigues à endurer pour prendre Jérusalem. La faim, la soif, le désert, de nombreuses blessures.
— Passons sans regarder, monsieur ; allons, je vous suis. La ville est-elle très-forte de ce côté ?
— Assez.
— Entourée de grandes murailles ?
— Oui.
— Peut-on y grimper par escalade ?
— Difficilement.
— Il faudra donc se servir d’embûches. Combien d’âmes dans la ville ?
— Approchant un million.
— Tant mieux, nous les affamerons. Après cela, prendrai-je la ville ?
— Sans nul doute, tu la prendras.
— Voilà qui va bien. J’y resterai comme seigneur du pays.
— Détrompe-toi, pauvre Jacques ! il faudra en sortir.
— Quoi ! j’en sortirai ? Mais au fait quel besoin d’y rester ? N’ai-je pas pris la ville pour pouvoir dire en rentrant au village : j’y suis entré. Et tous de me regarder ébaubis et de dire : Voilà Jacques ! c’est bien lui ; il revient du saint tombeau ; il a monté le premier sur la brèche du Calvaire. Voyons, de bonne foi, que voulais-