Merlin s’avance dans la forêt Noire qui n’a point d’issue. Une jeune fille, abandonnée du monde, s’est trouvée sous la ramée.
Ses cheveux blonds, ondulés, roulent sur ses épaules ; c’est là son manteau. Sa voix forte, robuste, semble de pur acier.
Sa taille est petite, sa volonté est grande ; elle luit dans ses yeux intrépides. C’est une âme d’airain dans un corps d’enfant.
« Êtes-vous égarée ?
— Une nation marche après moi, seigneur.
— Votre pays ?
— Les Carpathes.
— Votre père ?
— Le Danube.
— Et votre mère ?
— La Moldova.
— Que cherchez-vous ?
— Les yeux fixés sur le pays où le soleil se couche, partout je cherchais l’enchanteur. »
Plusieurs fois Merlin a changé de chemin ; elle s’est obstinée à le suivre.
Toujours il l’a retrouvée, le matin, debout sur son seuil, au moment de partir. La seule chose qu’elle lui eût demandé jamais, c’est de porter le livre de Merlin.
« Ah ! Merlin ! Merlin, j’ai peur. Les fées sont jalouses ; les belles des bois me tueront, vous le verrez.
— Ne crains pas les fées ; ne crains pas les belles