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LIVRE IX.

les éperviers. Il était alors fort occupé à distribuer les plaines et les montagnes à toute sa race, ce qui ne l’empêcha pas de me recommander à Palémon, duc de Lithuanie, lequel m’accompagna jusqu’en vue du Rhin, sans que j’eusse rien à craindre des embûches de Hagen le Teuton.

« Vous vous expliquez maintenant, seigneur, comment je me trouvai, au lever du soleil, à l’entrée de la grotte quand le Christ vint à passer. Vous ne vîtes ni mon cheval qui paissait près de là, ni mes armes cachées dans les broussailles. Tantôt chevauchant, tantôt rampant, sachez que j’arrivai à la fin sur le tertre où avait été autrefois ma chaumière : mais sachez aussi que je ne trouvai plus rien qu’un tas de pierres roulées, et c’est la plus forte peine que j’aie jamais ressentie.

« Je cherchai la cabane, le toit, les murs : je ne vis que l’herbe épaisse ; j’appelai, pas un souffle ne répondit.

« De quelle argile est formé l’homme qui, après avoir été arraché de son foyer, en revoit soudainement la place, n’y trouve plus que ronce et poussière, et regarde cela sans pleurer ? De quel airain, encore une fois, cet homme est-il formé ? C’est ce que ma bouche ne peut dire.

« Je me précipitai vers le monastère voisin ; il avait été saccagé. Je n’y trouvai rien que cette écritoire et ces plumes. En cherchant avec plus d’attention, je découvris, éparses çà et là, des feuilles de parchemin en grand nombre écrites jusqu’aux bords. J’en