Page:E. Quinet - Merlin l'Enchanteur, 1860.djvu/349

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
337
LIVRE X.

V

Sans prendre aucun souci des menaces des Allemands ni des piéges qu’ils pourraient lui tendre, Merlin s’avança en Italie. La seule vue du ciel bleu ramenait je ne sais quelle folle espérance dans son cœur ; plus il marchait, plus il sentait son âme mollir. À la descente des Apennins, en respirant l’odeur des citronniers et des myrtes :

« Je reconnais, murmura-t-il, l’haleine de Viviane ; assurément elle habite quelque part dans ce pays. »

Et depuis ces paroles, il forma le projet sérieux de la chercher jusqu’à ce qu’il l’eût retrouvée.

En ce temps-là, Léodegarius, consul de Bologne, était podestat et gonfalonier de Florence la Superbe. Dès que Merlin eut pénétré dans la ville, comme il se reposait sous l’arcade des Loges, le gonfalonier lui apporta le grand registre des arts majeurs et des arts mineurs, et lui demanda où il fallait l’inscrire et à quel titre.

« Enchanteur, répondit Merlin.

— Je l’avais deviné, s’écria le gonfalonier. C’est le premier des arts majeurs. Le poëte vient après. »

Puis il écrivit en lettres d’or le nom de Merlin en tête des Popolani Grassi et du Popolo Minuto.

Cette cérémonie accomplie, notre héros demanda aux cinq prieurs, au grand conseil, à tout le peuple maigre