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LIVRE X.

— Voire malédiction est mon salut.

— À merveille, homme de bien ! Au moins, il me reste la force.

— Non, pauvre incube souterrain, qui exploites la chair faible.

— Assez. Puissances inexorables du gouffre, noirs enfants des ténèbres ! Cobolds, nains armés de tridents, gnomes aux griffes aiguisées ! Légion de la mort, génies de la nuit éternelle, à la triple paupière, aux ailes de soie ! venez, courez, volez, saisissez le maudit, cet enfant parricide !

— Génies du jour, à la chevelure rosée ! Amour qui précèdes l’aurore ! Dieu mystérieux des triades ! Toi aussi, grand roi des Elfes, Christ immaculé, couvrez-moi !

— Quel mélange fais-tu là, Merlin ! Ton évocation ne vaut rien, elle n’amènera personne. Tu es hérétique, mon cher. Tu brûleras sottement. Mais tu seras dans la plèbe des damnés, quand tu aurais pu être assis à mes côtés… Arrivez donc, cobolds, hydres, ténébrions rampants ! Que vous tardez à venir !

— Puissances des forêts ! Âmes des chênes centenaires ! Génies qui marchez par trois, armés de faucilles ! Et toi, le premier et le dernier des esprits, Jésus de Nazareth, hâtez-vous ! Venez ! entourez-moi !

— Encore une fois, mon ami, tu brouilles tout. Tu confonds l’Olympe et le Paradis. Tu ne sais pas ton Évangile. Viens avec moi, tu l’apprendras en caractères de feu.