Page:E. Quinet - Merlin l'Enchanteur, 1860.djvu/412

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
400
MERLIN L’ENCHANTEUR.

même. Nous vivons en frères, sans guerres ni querelles. Mais laissons ce profond entretien ; allons nous reposer dans ce joli sarcophage qui blanchit là-bas sous cette touffe d’arbousiers. »

VII

Merlin jugea que le roi Épistrophius désirait être seul. Il se sépara de lui et estima le moment propice pour visiter les environs. En s’égarant dans la campagne, il rencontra, couchées dans l’herbe, plusieurs statues qui, toutes, resplendissaient d’une beauté extraordinaire. Ce qu’il y avait de plus merveilleux, c’était, le croirez-vous ? le visage, la majesté, la naïveté et même un peu la froideur de Viviane.

Cette rencontre si inattendue jeta notre héros dans une perplexité inexprimable. « Quelles mains, pensait-il, quels artistes ont eu le privilège unique de reproduire ses traits ? Viviane est donc venue dans ces lieux ? Mais en quel temps ? En quelle occasion ? Par qui accompagnée ? Voilà ce qui m’échappe entièrement, car jamais elle ne m’a parlé de ce lointain voyage. »

Puis, à mesure qu’il considérait de plus près les statues qui jonchaient le sol et dont la plupart étaient mutilées :

« Oui, ce sont là, assurément, ses traits incorrup-