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LIVRE II.

« Maître, enchantez nos voies ! »

Et le bon Merlin, sans garder nulle rancune, traçait autour d’eux des cercles qui leur promettaient paix, prospérité, liberté, à condition seulement qu’ils suivissent ses avis. Il répandit sur eux les sorts à pleines mains.

« Je vous les donne volontiers, dit-il, parce que je vous aime, sans bien savoir encore pourquoi. Mais, de grâce, soyez modestes ! N’allez pas vous vanter vous-mêmes à tout propos d’être les favoris de Merlin, les seuls, les uniques, les Benjamin, les préférés, les incomparables, les conducteurs des mondes, sans rien faire pour mériter ces noms. Les sages se moqueraient de vous ; et vous exciteriez contre moi la haine de tous les autres. »

VII

Le jour suivant, il se rendit avec eux à l’endroit où est aujourd’hui le Louvre. On n’entendait alors alentour ni chariots rouler, ni enclumes retentir, ni peuple gronder comme la mer. Mais les pies jasaient sur l’arbre, les loups hurlaient dans leur tanière, pendant que les loutres rôdaient dans les marais.

Merlin et son cortége furent d’abord arrêtés par un troupeau d’aurochs, qui paissaient dans ce canton depuis l’origine du monde. L’enchanteur prit une verge de