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LIVRE XXIV.

des deux mains ; car cette voix disait dans la profondeur du ciel :

« Reviens, Merlin, Merlin ! Il n’y a d’autre enchanteur que Dieu. »

IV

Le grand jour de la réconciliation était venu. Sans que Merlin eût laissé s’échapper son secret, tout l’univers l’avait deviné. Aussi jamais soleil plus radieux ne s’était-il levé. Pas un oiseau qui ne chantât sur la branche. Les fleurs, du haut de leurs tiges, semblaient attendre un visiteur. Les peuples seuls n’avaient aucun pressentiment de ce qui se préparait. Ils sont quelquefois bien moins instruits des grands secrets des choses que les oiseaux et que les fleurs ; souvent même ils sont sourds aux trompettes des archanges, et aveugles à la lumière du jour, en son midi.

À l’heure marquée par Merlin, on vit paraître à l’entrée de son tombeau un pèlerin voilé ; il était accompagné du prêtre Jean, de Turpin et de Jacques.

« Que voulez-vous ? demande Merlin.

— La paix.

— Je vous la donne, mon père ; parlez. Qui êtes-vous ?

— Le Roi de l’Enfer, » répond le pèlerin en soulevant son capuchon.