Page:EDMA - La psychanalyse, Le Livre de Poche, 1975.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Homme aux rats (L’) 115

tiques et avait conçu à son égard des sentiments ambivalents. Refoulée dans l’inconscient, mais inaltérablement liée à cet épisode, sa libido s’était réveillée au récit du supplice des rats évoquant avec une composante sadique, l’érotisme anal de la petite enfance. La reviviscence d’une haine coupable vis-à-vis du père avait engendré un état de remords paralysant et le besoin d’exécuter, à l’occasion des moindres actions, des rites conjuratoires, apportant au malade une forme de satisfaction érotique infantile. Dissociée de la conscience, cette forme libidinale était de nature à s’emparer progressivement de sa personnalité totale et à commander ainsi tous ses actes.

5 Préservant le psychisme infantile dans son intégralité, la névrose obsessionnelle évoque étrangement les mécanismes mentaux des primitifs. Comme les hommes des premiers âges, les obsédés projettent dans la réalité extérieure des rapports de causalité n’existant que dans leur esprit. La « perception endo-psychique » du névrosé permet ainsi de mieux comprendre la genèse des superstitions. Peu soucieux de certitude expérimentale, l’obsédé manifeste sa prédilection pour les questions incertaines comme la religion et la vie surnaturelle. Attribuant à ses pensées de haine et d’amour un pouvoir tout-puissant, comme dans la magie, il manifeste souvent une véritable obsession de la mort. Ébauchant le thème anthropologique développé dans « Totem et Tabou », Freud suggère que l’aptitude névrotique est liée au développement de la civilisation.


Voir aussi : Névrose obsessionnelle.