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Antipsychiatrie

1. Mouvement d’origine anglaise, l’antipsychiatrie est définie par l’un de ses créateurs, le psychiatre londonien D. Cooper, comme une « psychiatrie idéale ». Elle se fonde d’abord sur une critique de la psychiatrie classique, à laquelle elle reproche d’envisager les troubles mentaux dans une perspective strictement médicale. Selon les psychiatres classiques, les altérations des relations du sujet avec son entourage seraient dues notamment à des lésions organiques encore ignorées. Le malade est traité également de façon organique (drogues, électrochocs, etc. ). De plus, il est privé de liberté, de travail, d’amour et même de communication.

2. La psychothérapie institutionnelle, qui tente une réforme thérapeutique fondée sur une communication plus large et une certaine participation du malade, et même la psychiatrie de secteur, qui tente d’éviter l’hospitalisation du patient, soigné le plus possible à domicile, n’échappent pas à la critique des antipsychiatres. Ceux-ci renversent le problème et considèrent que la folie n’est pas une maladie du sujet, mais une conduite utile permettant à l’individu de se libérer des conflits affectifs dont il souffre. Il faut donc créer des structures nouvelles où l’expérience délirante puisse se poursuivre en toute liberté.

3. En 1965, les docteurs Laing, Cooper et Estersen ouvrent trois lieux d’accueil, dont le plus important, Kingsley Hall, va fonctionner pendant cinq ans. Les malades y entrent et en sortent librement. Aucun soin n’y est donné. Chacun y vit selon ses propres règles. Une liberté complète y règne en ce qui concerne la libido. Dans ces lieux d’accueil, le malade se délivrerait de sa psychose, à travers un mouvement psychodramatique auquel participent tous les résidents. Ils accomplissent le « voyage », ce que Ronald Laing appelle la « métanoïa » et qui est un retour en arrière jusqu’à l’époque précédant le conflit pathogène.