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Fétichisme

1. Le fétichisme, au sens premier du terme, désigne une conduite magique dans laquelle des objets fonctionnent comme des êtres dotés de pouvoirs surnaturels. Une pierre, un bâton, etc., ont la propriété de rendre le sort favorable ou d’exorciser les forces mauvaises. Il ne s’agit pas, comme dans l’idolâtrie, d’images de la divinité adorées en lieu et place de la divinité, mais d’une puissance qui gît dans le chaos et leur confère la maîtrise du destin humain.

2. C’est à ce sens que se réfère, chez Marx, la notion de « fétichisme de la marchandise ». Dans le système capitaliste, la marchandise, selon Marx, impose sa loi comme le fétiche dans les sociétés primitives. Comme l’objet fétiche dissimule la réalité des rapports de l’homme à la nature, la marchandise fétiche voile la réalité des rapports entre les hommes. Ceux-ci prennent la « forme fantastique de rapports entre les choses ».

3. Le terme de fétichisme sera repris par Freud pour une déviation très particulière de la sexualité qui consiste à remplacer l’objet sexuel par un autre objet nullement approprié au but sexuel normal. Il s’agit généralement d’une partie du corps (cheveux, pieds, etc.) ou d’un objet inanimé qui touche de près l’être aimé et de préférence son sexe (linge intime). Freud estime que cette pratique suppose un certain fléchissement de la tendance vers le but sexuel normal et même une déficience fonctionnelle de l’appareil génital.

4. En raison de ce que Freud appelle la « surestimation de l’objet sexuel », il note qu’un certain degré de fétichisme se retrouve dans l’amour normal, surtout dans la période qui précède la satisfaction du but sexuel. Le désir se porte sur un vêtement ou sur une partie accessible du corps de l’être aimé. Il y a fétichisme caractérisé lorsque le fétiche se détache d’une personne déterminée