Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/128

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— Qui cela peut-il être ? dit Madden, le sourcil froncé.

— La police ! suggéra Eden. Le tripot est découvert.

Au fond de lui-même, il n’espérait pas tant de chance.

Thorn distribuait les cartes et Madden en personne ouvrit la porte. De sa place Eden vit l’homme qui, sur le fond noir du désert, se détachait en pleine lumière. Un individu en pardessus, qu’il avait déjà rencontré sur le quai de San Francisco et plus récemment, à la porte de l’Hôtel du Désert : Shaky Phil Maydorf en personne, sans lunettes sombres, cette fois.

— Bonsoir ! dit Maydorf, d’une voix grêle et froide. C’est ici le ranch de M. Madden ?

— Je suis Madden. Que puis-je faire pour vous ?

— Je cherche un de mes amis… votre secrétaire, Martin Thorn.

Thorn se leva et approcha de Maydorf.

— Bonsoir, fit-il sans empressement.

— Vous vous souvenez certainement de moi, dit le nouveau venu. Mac Cullum… Henry Mac Cullum. J’ai fait votre connaissance à New-York, à un dîner, l’année dernière.

— Oui, oui, répondit Thorn. Entrez donc. Voici M. Madden.

— Très honoré, fit Shaky Phil.

— Et M. Eden, de San Francisco.

Eden se leva et se trouva en face de Shaky Phil Maydorf.

Le bandit dévisagea longuement le jeune homme. Se doutait-il que sa présence au quai n’avait point passé inaperçue ? En ce cas il possédait un sang froid étonnant.

— Enchanté de faire votre connaissance, monsieur Eden.

— Moi de même, monsieur Mac Cullum.

Maydorf se tourna de nouveau vers Madden.

— J’espère que je ne vous dérange pas, remarqua-t-il avec un léger sourire. Je suis pensionnaire du Dr Whitcomb… pour soigner ma bronchite. Il n’y a aucune distraction dans ce pays et quand j’eus appris que M. Thorn se trouvait dans le voisinage, je n’ai pu résister à la tentation de venir lui serrer la main.

— Vous avez bien fait, répondit le millionnaire, d’un ton plutôt froid.

— Je ne veux point interrompre votre partie. Accepteriez-vous un quatrième joueur ?

— Enlevez votre manteau, fit Madden sans aménité et venez vous asseoir. Martin, donnez des jetons à monsieur.

— Je revis enfin ! s’écria le nouveau venu, heureux de cette invite. Comment cela va-t-il, mon vieux Thorn, depuis que nous ne nous sommes vus ?

De son ton laconique, le secrétaire fit entendre qu’il allait assez bien, et le jeu reprit de plus belle. Si Bob Eden avait jusque-là ressenti quelque crainte de ne point rencontrer l’aventure, à présent il était bien servi. Songez donc : jouer au