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Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/6

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À quoi bon évoquer ce passé ? Alexandre Eden haussa les épaules. Depuis quarante ans, bien des événements s’étaient produits ; par exemple, le mariage de Sally avec Fred Jordan, et, quelques années plus tard, la naissance de leur unique enfant, Victor. Eden fit la grimace. Vraiment, Sally avait été fort mal inspirée en donnant le nom de Victor à ce garçon stupide et débauché.

■■

Il s’assit et songea qu’il devait sans doute imputer à une escapade du fameux Victor, la scène qui, dans un moment, se déroulerait ici même, dans son bureau de Post Street. C’était à prévoir. Victor, dissimulé dans les coulisses, laisserait tomber le rideau sur le dernier acte du drame des perles des Phillimore.

Quelques instants après, tandis qu’Eden s’absorbait dans la lecture de son courrier, la secrétaire ouvrit la porte et annonça :

— Monsieur, voici Mme Jordan.

Eden se leva. Sally Jordan avançait vers lui, vive et enjouée comme toujours. Vaillamment, elle luttait contre les années.

— Bonjour, Alec, mon cher ami…

Il prit ses deux mains fragiles dans la sienne.

— Sally ! Quel plaisir de vous revoir ! Asseyez-vous.

Il approcha un grand fauteuil de cuir.

— À vous la place d’honneur, toujours…

Elle s’assit et remercia d’un sourire. Eden reprit sa place derrière son bureau. Ses doigts manipulaient machinale-