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Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/75

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— Monsieur Madden, permettez-moi de me présenter. Je suis Bob Eden, le fils d’Alexandre Eden. Voici mon ami, un de vos voisins, M. Will Holley, de l’Eldorado Times. Il a eu l’obligeance de me conduire jusqu’ici.

— Ah ! bien ! fit Madden. — Avec une franche cordialité il serra les mains des jeunes gens. — Approchez du feu. Thorn, apportez les cigares, voulez-vous ?

De ses mains célèbres, Madden plaça des fauteuils devant la cheminée.

— Je ne demeurerait qu’un instant, dit Holley. M. Eden désire parler d’affaires avec vous et je ne veux pas abuser de votre temps. Cependant, avant de m’en aller, monsieur Madden…

— Eh bien ? fit sèchement Madden, mordant le bout d’un cigare.

— Je… je ne pense pas que vous vous souveniez de moi…

La grande main de Madden tenait toujours l’allumette enflammée.

— Je n’oublie jamais un visage. J’ai déjà vu le vôtre. N’était-ce pas à Eldorado ?

Holley secoua la tête.

— Non… voilà douze ans, à New-York (Madden l’observait attentivement), dans une maison de jeu de la Quarante-quatrième Rue, tout près du Delmonico. Une nuit d’hiver…

— Une minute, interrompit le millionnaire. Certains prétendent que je vieillis… mais écoutez-moi. Vous vîntes me voir comme journaliste, vous vouliez une interview et je vous envoyai à tous les diables !

— Votre mémoire est remarquable ! s’écria Holley en riant.

— Oh ! ma vieille mémoire ne me fait pas défaut. Je me souviens parfaitement. Je passais mes soirées dans cette maison jusqu’au jour où je découvris qu’on y trichait ferme. J’ai laissé pas mal de plumes dans cette boîte-là. Pourquoi ne m’avez-vous pas averti ?

— Ma foi, monsieur Madden, votre accueil ne m’encourageait guère aux confidences. Mais voici où je veux en venir… je suis toujours journaliste et une interview de votre part…

— Je n’en accorde jamais ! trancha le financier.