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Page:Ebel - Les femmes compositeurs de musique, 1910.djvu/52

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LES FEMMES COMPOSITEURS

public le concerto en mi mineur de Chopin. Sur le conseil de Henselt, elle séjourna à Weimar pour suivre les leçons de Liszt. En présentant ses lettres d’introduction, elle soumit à ce dernier plusieurs de ses compositions. Liszt, sceptique en les parcourant, doutait qu’elles fussent entièrement son œuvre, et, pour éprouver sa science, lui dicta le thème d’une fugue. Ingeborg la traita en un instant, si bien que Liszt, après l’avoir lue, fut charmé et lui dit en riant : « Vous ne désirez pas lui ressembler ! » Ingeborg répondit aussi en riant : « Mon plus grand désir est de ne pas ressembler à une fugue. » Elle fit de si grands progrès sous la direction de Liszt qu’elle fut bientôt regardée comme une de ses élèves les plus remarquables.

 Elle donna de nombreux concerts à Paris, Saint-Pétersbourg et dans les premières villes d’Allemagne. En 1861, elle épousa Hans von Bronsart, chef d’orchestre de talent et intendant du Théâtre Royal de Hanovre. Se fixant dans cette dernière ville, Ingeborg von Bronsart abandonna le public pour se livrer entièrement à la composition.
 Son premier opéra « Die Göttin von Sais » n’eut pas de succès, surtout à cause de la pauvreté du livret, car la musique lui était de beaucoup supérieure. Sa deuxième œuvre dramatique, écrite sur « Jery und Bately, » de Gœthe, eut un immense succès et fut jouée un grand nombre de fois à Berlin, Weimar, Vienne, Cassel, Wiesbaden, Karlsruhe, Kœnigsberg et dans beaucoup d’autres villes d’Allemagne. Les critiques les plus éminents ont fait un juste éloge de la beauté de la musique et de l’instrumentation distinguée de cet ouvrage.
 Son troisième opéra « Kœnig Hierne » commencé en 1882, ne fut terminé qu’en 1891. Sa première représentation eut lieu à Berlin, en présence de l’em-