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je vous prie, ne mettez pas en pratique ici de pareilles doctrines. Je ne puis le tolérer, d’ailleurs. Nous sommes ici si peu de Français, il me semble qu’au lieu de provoquer de telles dissensions parmi nous, nous devrions nous entendre…

— Oui, pour une action utile, humaine et française ! s’écria Jacques.

Hautain, le capitaine répliqua :

— Nous sommes ici pour maintenir haut et ferme le drapeau français. Et je crois que nous le faisons loyalement, ce devoir de soldats et de patriotes… On ne peut pas faire autrement sans manquer à son devoir. Nous sommes des soldats, rien que des soldats. Enfin, j’ai tenu à vous prévenir…

Jacques, troublé dans son heureuse quiétude, ennuyé et agacé, quitta le capitaine. Ils se séparèrent froidement.

Mais, fort de sa conscience, Jacques ne modifia en rien son attitude.

De jour en jour, il sentait croître l’hostilité de ses camarades. Ses rapports avec eux restaient courtois, mais ils se réduisaient au strict nécessaire. Il était de trop, il gênait.

    

Alors, Jacques se replia encore plus sur lui-même, et la petite maison en ruines lui devint